Le décès d’un conjoint ou d’une conjointe est un événement monumental. Choc, tristesse déchirante, élan de positivité occasionnel semblant venir de nulle part : le processus du deuil est profond et varié, en partie universel, en partie individuel. Et le deuil peut être particulièrement difficile pour une personne âgée qui doit vivre sans son compagnon ou sa compagne de longue date.
Un couple ne peut rien pour contrer le fait de la mort. Il y a, cependant, beaucoup de choses qu’il peut faire à l’avance pour alléger le fardeau de la personne survivante et l’aider à passer à l’étape suivante de la vie. Mais cela nécessite de faire face ensemble à l’inévitabilité de la mort et de planifier en conséquence.
Même si notre espérance de vie augmente, Statistique Canada affirme que plus de 1,4 million de Canadiens et de Canadiennes de plus de 65 ans sont maintenant veufs, et ce nombre ne cesse de croître. Cela fait beaucoup de gens aux prises avec les montagnes russes qu’est le chagrin, ou les ayant subies.
À quoi s’attendre quand sa ou son partenaire de longue date meurt
« Cela frappe tellement profondément quand cela arrive », dit Cally Farr, conseillère clinique agréée à Victoria, en Colombie-Britannique « Tout d’un coup, une personne est décédée, et cela a l’effet d’une tonne de briques. »
Il n’est donc pas étonnant qu’elle dise qu’il n’est pas inhabituel que le deuil dure un an ou même plus, car il oscille entre le deuil de la perte et, de plus en plus, la préparation à une nouvelle vie.
Selon Mme Farr et d’autres experts, les personnes âgées peuvent faire face à des défis particuliers. La mauvaise santé, le déclin cognitif, l’isolement qui accompagne souvent le vieillissement, le sentiment de ne pas vouloir être un fardeau pour les autres et de simplement « faire preuve de courage et continuer », tout cela peut augmenter la solitude et la douleur.
Si la personne survivante avait été proche aidante d’un ou d’une partenaire malade, la personne survivante peut se sentir dépouillée de son identité lorsque ce rôle prend fin soudainement. Ce sentiment d’être dévasté peut aussi se produire parce que nous avons tendance à être identifiés — et souvent à nous identifier — comme faisant partie d’un couple.
Même dans une situation idéale, nous redéfinir nous-mêmes et redéfinir notre relation avec les autres n’est pas facile, et encore moins lorsque nous sommes âgés et que les habitudes de pensée et de perception de soi sont devenues profondément ancrées.
D’autres périls peuvent accompagner le décès d’un conjoint ou d’une conjointe, y compris une perte de poids potentiellement dangereuse, un sommeil perturbé, des difficultés à se concentrer et ce que l’on appelle « l’effet veuvage » : le risque accru de mortalité après le décès d’un compagnon ou d’une compagne. Une étude de 10 ans (en anglais) a révélé une forte augmentation du risque au cours des trois premiers mois, en particulier chez les hommes ayant perdu leur partenaire, leur taux de mortalité étant alors supérieur à la normale de 87 %.
En dépit de ce taux de mortalité, on n’a pas encore déterminé si les hommes et les femmes vivent différemment la perte d’un ou d’une partenaire. Cependant, comme le souligne Mme Farr, les femmes peuvent être capables de partager leur perte et d’exprimer leur chagrin plus facilement que les hommes, à qui on a souvent appris à ne pas montrer leur souffrance.
Peut-on amoindrir la perte d’un conjoint ou d’une conjointe?
Non. Oui.
La douleur et le sentiment de vide sont inévitables. Les torts que nous avons faits à un ou une partenaire et ce que nous avons omis de faire peuvent infliger de la culpabilité. Pour une personne ayant assumé le rôle de proche aidant, cette culpabilité peut être aggravée à cause du soulagement éprouvé quand cette lourde responsabilité prend fin.
Mais nous pouvons faire des choses à l’avance pour alléger le stress au moment où un ou une partenaire de longue date s’éteint.
« Il est vraiment conseillé de s’y préparer », explique Victoria Foulger, thérapeute-conseil agréée à Herring Cove, en Nouvelle-Écosse « Nous sommes une société assez analphabète par rapport au deuil; nous n’avons pas tendance à parler beaucoup de la mort, certainement pas ouvertement. Vous pouvez vous y préparer en en parlant à l’avance, pas seulement entre les deux personnes, mais en essayant d’y intégrer d’autres personnes. »
Elle suggère de poser à votre partenaire des questions comme : “Si je meurs demain, que feras-tu? En as-tu une idée?” ».
Ces conversations renforcent la résilience chez le survivant, selon Mme Foulger, et le couple peut commencer par discuter des aspects pratiques de la mort : Vos testaments sont-ils à jour? Avez-vous des plans de soins préalables qui expliquent les souhaits de chacun d’entre vous si vous devenez gravement malade ou incapable?
« Nous pensons connaître les souhaits de notre partenaire, mais quand les gens s’en parlent, ils peuvent être surpris », explique Mme Foulger.
Il est également essentiel de parler des systèmes de soutien. Vers qui vous tournerez-vous pour qu’on vous écoute, lorsque votre partenaire mourra? La famille? Un chef religieux? Des ressources communautaires? Et pouvez-vous renforcer ces systèmes de soutien avant d’en avoir besoin?
En traitant de tels aspects pratiques de la mort et de son processus peut contribuer à faciliter la discussion sur d’autres aspects plus complexes de la mort, y compris sa peur de mourir, et si vous et votre partenaire souhaitez obtenir l’aide médicale à mourir, et dans quelles circonstances.
Commencez la conversation. Vous pourriez même en arriver à rire et à réaliser que la vie continuera, avec ses moments drôles et tristes, après votre départ ou celui de votre conjoint ou conjointe.
Quand le deuil frappe
Il est ardu de vivre un deuil, mais les conseils à ce sujet abondent. Des sites Web comme mondeuil.ca incitent à prendre soin de soi, par exemple, en prenant une « pause » du deuil lorsque vous êtes prêt en commençant une nouvelle activité comme un cours d’activité physique.
D’autres recommandent de bien manger et de dîner occasionnellement avec des amis (la perte d’appétit accompagne souvent le chagrin), de consulter votre fournisseur de soins de santé et de retarder les décisions importantes comme déménager dans une nouvelle maison alors que les émotions l’emportent sur la pensée rationnelle.
Mme Farr rappelle également ceci à ses clients : « Vous donner le temps dont vous avez besoin pour pleurer et ne pas vous sentir coupable à ce sujet est vraiment important ».
Enfin, cherchez un conseiller si vous constatez que vous tendez à vivre ce que l’on appelle le deuil « compliqué », un état dans lequel l’apathie extrême, l’automédication avec de l’alcool, les idées suicidaires et d’autres symptômes signalent un deuil qui ne se résout pas. Un hospice local ou un salon funéraire devrait être en mesure de vous aider à trouver quelqu’un, tout comme une recherche sur Internet.
Le travail d’un conseiller, dit Mme Foulger, « n’élimine jamais le chagrin, il consiste à aider les gens à le ressentir. Parce que ressentir le chagrin nous permet de cheminer pour nous en sortir. »
Fait peut-être le plus important : souvenez-vous que la souffrance aiguë va inévitablement s’adoucir. Cela signifie qu’une partie de votre travail consiste à vous demander, pour citer Mme Foulger, « Comment puis-je recommencer à vivre? ».
Ressources pour le deuil
Répertoire de ressources sur le chagrin et le deuil
Ressources pour les personnes en deuil et les professionnels du deuil
Pour surmonter les différentes phases du deuil
Le temps du deuil
Ressources d’UneForce pour les militaires et leurs familles