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En vedettes

  • Le Canada fourmille de festivals de musique du printemps à l’automne, du plus petit au plus grand, soit le Bluesfest d’Ottawa, dans la capitale nationale, ou le Festival d’été de Québec, dans la capitale québécoise. Tout dépend à qui l’on s’adresse.

  • Comme bien d’autres choses, les cocktails ont leur saison. C’est pourquoi, portés par l’élan de patriotisme canadien du moment, nous avons demandé à des distilleries canadiennes indépendantes de nous proposer des recettes mettant en valeur leurs spiritueux artisanaux.

  • Lorsqu’elle fait disparaître les bâtiments au loin, tout comme le brouillard, la fumée des feux de forêt dans l’air est inquiétante. Mais elle est aussi potentiellement mortelle, surtout pour les personnes ayant des problèmes de santé, comme le diabète, les maladies cardiaques ou pulmonaires.

  • Avant la pandémie, les retraités migrateurs du Canada affluaient par millions vers des climats plus chauds aux États-Unis, en particulier en Floride, en Arizona et en Californie.

En route vers les États?

Des exigences d’inscription aux préoccupations concernant l’examen des publications sur les médias sociaux, les retraités migrateurs canadiens font face à de nouvelles réalités sous le deuxième mandat de Trump.

Avant la pandémie, les retraités migrateurs du Canada affluaient par millions vers des climats plus chauds aux États-Unis, en particulier en Floride, en Arizona et en Californie. Puis est arrivée la deuxième administration de Donald Trump, avec sa rhétorique sur le 51e État et sa guerre commerciale. 

Selon Statistique Canada, en mai 2025, le nombre de Canadiens qui conduisaient à destination et en provenance des États-Unis ne s’élevait qu’à 1,3 million, ce qui représente une chute de 38,1 % par rapport au même mois en 2024 et le cinquième mois consécutif de baisses d’une année à l’autre. Les voyages aériens ont diminué de 3,7 % pendant la même période, tandis que les voyages vers d’autres pays ont augmenté de 9,8 %.

Cependant, même avant d’imposer ses tarifs douaniers, Trump avait attaqué les retraités canadiens qui fuient l’hiver.

Le 20 janvier 2025, soit le premier jour de sa deuxième présidence, Trump a signé le décret exécutif 14159, qui s’intitule « Protéger le peuple américain contre l’invasion. » Parmi les restrictions imposées par le décret aux voyageurs visitant les États-Unis, le décret proclamait que, après le 11 avril 2025, certains Canadiens séjournant aux États-Unis pendant plus de 30 jours — les retraités migrateurs, en d’autres termes — pourraient être tenus de s’inscrire et de fournir des empreintes digitales en l’absence d’un formulaire 1-94 en bonne et due forme, qui prouve le statut légal de visiteur. Ce formulaire est automatiquement remis aux visiteurs à leur arrivé dans les aéroports américains, mais il peut devoir être expressément demandé lors du passage par les frontières terrestres ou acheté en ligne à l’avance.

L’Association canadienne des « snowbirds » (ACS) a eu tôt fait de faire pression auprès du département américain de la sécurité intérieure au sujet de la décision de Trump, faisant valoir que ce décret imposait un fardeau inutile aux Canadiens visitant les États-Unis et qui dépensent environ 20 milliards de dollars en voyages dans ce pays. L’ACS estime que plus d’un million de Canadiens voyagent aux États-Unis pendant l’hiver. 

Le 12 mars 2025, le département américain de la sécurité intérieure a publié une mise à jour intérimaire de la règle définitive provisoire stipulant que, même si les Canadiens devront encore présenter une demande d’inscription, ils n’auront pas à faire prendre leurs empreintes digitales. 

Mais Henry Chang, avocat en immigration et associé au cabinet d’avocats international Dentons, met en garde ses clients canadiens et leur conseille de faire preuve de prudence lorsqu’ils se rendent aux États-Unis. Il évoque notamment le cas de Jasmin Mooney, une citoyenne canadienne récemment placée dans un centre de détention pendant près de deux semaines après avoir demandé un permis de travail à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Si vous craignez d’être détenu à la frontière, M. Chang vous conseille de prendre l’avion pour aller aux États-Unis, au lieu de vous y rendre en voiture. Il souligne que certains groupes, en particulier ceux des personnes originaires de pays récemment visés par des interdictions de voyage comme l’Iran, sont susceptibles de faire l’objet d’une vigilance accrue. Mais seuls les postes frontaliers terrestres peuvent vous envoyer directement dans un centre de détention.

En arrivant par avion, vous « les privez de la possibilité de vous détenir pendant une période prolongée et de vous envoyer dans un centre de détention », explique M. Chang. « Si toutefois il s’agit d’une préoccupation pour vous. »

Alors que certains de ses collègues recommandent de laisser son téléphone mobile à la maison et de n’apporter qu’un téléphone jetable prépayé, M. Chang estime que cela ne fait que vous donner l’air suspect. 

« Si vous avez déjà regardé Breaking Bad : Le chimiste, [vous savez que] les seules personnes qui ont tendance à avoir des téléphones jetables prépayés sont des criminels qui se cachent des forces de l’ordre », raille-t-il, enchaînant qu’il pourrait demeurer sage de « nettoyer » votre téléphone mobile avant de voyager, en supprimant les applications de médias sociaux, par exemple si vous avez publiquement critiqué l’administration Trump. 

Si vous avez fait circuler d’innombrables pensées critiquant Trump ou si vous avez des photos personnelles que vous souhaitez garder à l’abri des regards des gardes-frontières, il pourrait valoir la peine d’envisager un téléphone jetable prépayé. Les gardes-frontières américains ont le droit de fouiller vos appareils électroniques, mais pas vos données infonuagiques. Si vous refusez de leur donner vos mots de passe, ils peuvent en retour vous refuser l’admission dans leur pays. Si les gardes-frontières estiment que vous représentez une menace pour la sécurité nationale, ils peuvent extraire et analyser les données numériques sur votre téléphone à des fins judiciaires. Cette analyse récupère tout ce que vous avez supprimé. Ils peuvent également rechercher n’importe quel site de médias sociaux pour prendre connaissance de vos réflexions publiques.

M. Chang pense que la plupart des retraités migrateurs n’auront pas de problème, à condition de résider principalement à une adresse fixe en sol américain. Mais les exigences d’inscription des étrangers aux États-Unis signifient que vous devez informer les services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis d’un changement d’adresse dans les 10 jours suivant le déménagement. Alors, si vous planifiez un voyage en véhicule récréatif à travers l’Amérique, vous devez prévoir de leur dire où vous campez. Sinon, vous risquez des sanctions importantes, comme des amendes, voire l’expulsion.

Retraité migrateur de longue date, Peter Ratcliffe est un ancien citoyen américain âgé de 71 ans. Pour l’hiver 2026, il a décidé de renoncer à la Floride et d’aller plutôt passer un mois au Portugal. Son épouse et lui avaient l’habitude de prendre la route de Kingston, en Ontario, pour se rendre au même centre de villégiature en Floride chaque année et y séjourner pendant trois mois. Ils s’y sont fait des amis, mais, depuis le mouvement MAGA, M. Ratcliffe a découvert à sa grande consternation que beaucoup de ces « gens sympathiques » sont des trumpistes qui ne veulent maintenant parler que de politique. De plus, M. Ratcliffe a fréquemment critiqué Trump sur X, anciennement Twitter, et redoute que cela lui cause des problèmes.

Même si le Portugal ne sera pas aussi chaud que la Floride, sa femme et lui ont toujours voulu voyager en Europe, et c’est ce qu’ils feront. Il estime qu’il leur en coûtera 40 % de moins cher que leur séjour en Floride.

Poussé par un regain d’optimisme, il a de nouveau réservé les six premières semaines de 2026 en Floride, mais en s’assurant de pouvoir annuler à tout moment sans pénalité. Le couple attend de voir ce que Trump fera ensuite pour prendre sa décision.

« La confiance, une fois brisée, est une chose très difficile à reconstruire », écrit-il.
 

Un guide faisant autorité

Consultez le guide de Henry Chang qui fait autorité pour les Canadiens voyageant aux États-Unis (en anglais)

Mick Gzowski est un rédacteur et un cinéaste établi à Aylmer, au Québec.