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Maisons à échanger

Proposer sa maison en échange à un habitant d’un paysoù l’on souhaite voyager permet de minimiser les fraisd’hébergement.

La proposition était intrigante : échanger sa maison contre une maison en Irlande du Nord pour quelques semaines, ce qui permettrait aux deux parties de réaliser des économies substantielles. Les visiteurs de l’Ulster allaient traiter la maison de Doug Ross à Nepean, en Ontario, comme s’il s’agissait de la leur, et Ross et son épouse de l’époque devaient faire de même.

« Nous avons eu beaucoup de chance, car [nos voisins de Nepean] connaissaient ces Irlandais et se portaient garants d’eux », se souvient M. Ross, un membre de Retraités fédéraux, qui vit aujourd’hui à Kelowna, en Colombie-Britannique. Ils se sont même prêté mutuellement leurs voitures, mais pas avant d’avoir vérifié l’idée auprès de leurs compagnies d’assurance. 

Par l’intermédiaire de ses voisins, M. Ross avait communiqué avec la famille en Ulster et établi une relation de confiance. Et, même s’il n’a jamais renouvelé l’expérience, il recommande de tout cœur les échanges de maisons à d’autres personnes.

« Cela a très bien fonctionné pour les trois parties, et nos voisins de Nepean ont pu voir leurs amis », explique M. Ross qui, aujourd’hui âgé de 80 ans, a passé 34 ans dans les Forces armées canadiennes. « C’est un moyen peu coûteux de prendre des vacances. »
 

Marche à suivre

Le concept d’échange de maisons existe depuis des décennies. On attribue généralement son origine aux enseignants en congé professionnel qui recherchaient l’hospitalité entre pairs. Avec le temps, le concept a été raffiné et élargi. L’avènement d’Internet a ensuite facilité l’accès, ce qui a conduit à l’introduction de systèmes de points.

Les échangeurs trouvent souvent des maisons à visiter grâce à l’un des nombreux services d’abonnement disponibles et décrivent une approche respectueuse et accueillante fondée sur la confiance. En mettant votre maison à la disposition d’autres personnes, vous jouez le rôle d’hôte, bien qu’absent. Les « invités », qui ont eux-mêmes des maisons à échanger, sont souvent accueillis avec une bouteille de vin et parfois même de la nourriture pour leur premier jour, ainsi que des instructions sur le fonctionnement de la téléviseur et des appareils électroménagers, des dépliants ou des suggestions de lieux à visiter. Un grand nombre d’hôtes trouvent réconfortant de cultiver des relations avec les personnes qu’ils accueillent, même s’ils pourraient ne jamais se rencontrer. 

Certains services sont des échanges purs et simples, d’autres offrent une variation de l’ancienne approche combinée à un échange non réciproque, permettant aux membres de gagner des points chaque fois qu’ils servent d’hôtes. Ces points peuvent ensuite être utilisés pour séjourner chez un autre membre, n’importe où dans le monde.

Le Canada est la cinquième destination la plus populaire après la France, l’Espagne, les États-Unis et l’Italie, selon HomeExchange, qui se décrit comme la plus grande société d’échange de maisons au monde et compte 150 000 membres actifs dans 145 pays. 

Établie aux États-Unis et en France, cette société s’est développée en partie en absorbant d’autres entreprises et fait état d’une forte augmentation du nombre de membres depuis la période précédant la COVID-19 de 2019. Les membres paient une cotisation annuelle pour avoir accès aux réseaux. Les échanges effectués par des membres canadiens ont augmenté de 72 % au cours de la seule année écoulée, tandis que les échanges ayant lieu au Canada (mais avec des membres de n’importe quel pays) ont augmenté de 60 % au cours de la même période, et de 124 % par rapport à 2019.

Emmanuel Arnaud, PDG de HomeExchange.
Emmanuel Arnaud est le PDG de HomeExchange, un réseau conçu pour faciliter les échanges de maisons.

Emmanuel Arnaud, PDG de HomeExchange, suggère de commencer modestement en trouvant un hôte pour une fin de semaine et à proximité relative de chez soi. La société accorde aux nouveaux membres des points qu’ils peuvent utiliser, ce qui leur permet d’être invités sans devoir d’abord être hôtes. La société assurera également la protection des habitations des membres, jusqu’à concurrence d’un million de dollars en cas de problèmes liés à l’échange.

Comme dans la plupart des situations, la préparation et la communication sont essentielles. On encourage les participants à prendre le temps de faire des recherches, de planifier leur échange et de régler les détails avec leurs partenaires d’échange, en leur faisant part de leurs attentes et de leurs préoccupations. En voici des exemples : Peut-on amener des animaux domestiques ou des enfants? Les plantes doivent-elles être arrosées? Faut-il laver le linge de maison avant le départ et, si c’est le cas, comment utiliser la machine à laver et la sécheuse? Où trouver la clé?

« Soyez clair sur la façon dont vous accueillerez [vos invités] et sur la façon dont on vous accueillera », suggère M. Arnaud. « En règle générale, les gens se fendent en quatre pour faire plaisir à leur hôte ou à leur invité. »

« Pour les personnes qui ont du temps, c’est un excellent moyen de voyager. »

David Francoeur et Deanna Tan, de New Westminster, en Colombie-Britannique, ont effectué leur premier échange après la naissance de leur premier enfant. M. Francoeur, qui est âgé de 54 ans, un vétéran de l’Aviation royale canadienne qui a passé 26 ans à la GRC avant de prendre sa retraite et de devenir membre de Retraités fédéraux, et Mme Tan, travailleuse dans le secteur de la santé, ont pensé que vivre à l’étranger serait un excellent moyen d’utiliser pleinement leur congé parental il y a 17 ans. 

Mais ils ne pouvaient se permettre des voyages traditionnels sur le plan financier. Grâce à des réseaux d’échange, ils ont trouvé trois échanges consécutifs en Australie, ce qui leur a permis de rester trois mois dans ce pays. Au fil des échanges, ils ont découvert une communauté de partage. Leurs hôtes et leurs voisins se sont mobilisés pour soutenir les nouveaux parents et les ont aidés à s’équiper d’un parc pour enfants et d’autres articles essentiels pour veiller à leur confort et à celui de leur bébé. Leurs premiers hôtes leur ont même proposé d’utiliser leur maison sur la plage, qui n’était pas occupée à l’époque.

« Cela m’a fait comprendre qu’il s’agissait d’une communauté, d’une philosophie, et pas du tout d’une transaction », explique Mme Tan.

Au cours des 17 dernières années, le couple a effectué 37 échanges, la plupart réciproques, et a rencontré ses partenaires d’échange chaque fois que cela a été possible. Ils commencent par lire attentivement les profils pour s’assurer d’une bonne compatibilité. L’étape suivante consiste à communiquer avec leur hôte ou leur invité, ce qui permet de cultiver une relation. Au moment de l’échange, ils ont l’impression d’avoir développé une solide relation avec le partenaire d’échange.

Établi en Colombie-Britannique, le couple a élaboré un cahier à anneaux qui explique à ses invités le fonctionnement de la maison, le mot de passe du réseau sans fil, des informations sur le système de transport, ce que les visiteurs peuvent faire et voir dans la région, ainsi qu’une liste de leurs restaurants préférés. Ils ramassent les objets de valeur et les mettent sous clé avant l’arrivée des invités et s’arrangent pour qu’un ami ou un membre de la famille accueille les invités ou aille les chercher à l’aéroport. 

Le fait d’être ouvert d’esprit peut enrichir l’expérience, à leur avis, et ils ajoutent que l’un de leurs meilleurs échanges a été un séjour dans une caravane dans le Queensland rural, où ils se sont retrouvés au sein de gens gentils et amicaux. En 2010, ils ont effectué un échange réciproque avec une famille de Seattle. Cela s’est transformé en un échange annuel de maisons, indépendant des organisations. Pour le couple britanno-colombien, le facteur de risque le plus important est la perspective d’une annulation, mais cela ne leur est jamais arrivé, ce qu’ils attribuent à une communication explicite.

Maureen Fraser, qui pratique l’échange depuis longtemps, avait l’habitude de louer son appartement au bord de l’eau à Tofino, une communauté côtière de l’île de Vancouver. Mais elle a trouvé le concept de l’échange de maisons beaucoup plus attrayant. Le fait d’avoir un chalet où elle peut passer ses étés libère l’appartement lorsqu’il est le plus convoité par les visiteurs.

« J’adore le concept de l’échange de maisons », déclare Mme Fraser, qui est propriétaire de la boulangerie Common Loaf.  Elle aime particulièrement passer du temps dans des communautés résidentielles en Europe, où elle a effectué la plupart de ses quelque trente échanges ou plus.

Lorsqu’on lui demande si elle a déjà eu de mauvaises expériences, elle répond rapidement  « non », tout en ajoutant que, bien entendu, il arrive immanquablement des imprévus de temps à autre, mais ces expériences sont plus amusantes qu’ennuyeuses, par exemple trouver un livre ouvert à une page particulière, ce qui fait que l’on se demande si l’hôte va revenir plus tôt que prévu. 


Bob Hawkins and Doris Daigle.
Bob Hawkins et Doris Daigle ont utilisé leur maison en bord de mer près de Shediac, au Nouveau-Brunswick, pour participer à 57 échanges.

Bob Hawkins, 72 ans, qui a travaillé dans les technologies de l’information, et Doris Daigle, 63 ans, qui a fait carrière dans l’administration gouvernementale et syndicale, sont des échangeurs chevronnés. Ils ont participé à 57 échanges, dont 28 en tant qu’hôtes offrant leur maison en bord de mer près de Shediac, au Nouveau-Brunswick, et 29 en tant qu’invités. Voici leurs suggestions pour bien se préparer à un échange de maisons.

Si vous êtes l’hôte :

  • « Nous avons créé un petit manuel pour tous les invités », disent-ils. Il explique comment faire fonctionner le téléviseur, le réseau sans fil et les systèmes de sécurité, ainsi que toutes les particularités de la maison. 
  • Laissez de la place dans le réfrigérateur, le garde-robe et l’accès du véhicule, pour que les invités puissent les utiliser.
  • Laissez du linge de maison propre à leur disposition.
  • Essayez de laisser un petit quelque chose à vos invités, des collations de bienvenue ou une bouteille de vin. 

Si vous êtes l’invité :

  • « Il est important de traiter la maison comme si c’était la vôtre et de veiller à la laisser dans l’état où vous l’avez trouvée. » 
  • Soyez ouvert aux nouvelles expériences et cultures.
  • Laissez un cadeau ou un mot à l’hôte.

Marg Bruineman est une journaliste primée établie à Barrie, en Ontario.