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En vedettes

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Donner un sens à sa vie après la retraite

Les aînés se tournent de plus en plus vers la spiritualité, soit en pratiquant la pleine conscience soit en recourant à la religion, afin de donner un sens à leur vie.

À peine cinq ans après avoir pris sa retraite de la fonction publique fédérale à titre de travailleuse sociale autorisée, Sue Lefebvre s’est intéressée à l’esprit humain et à la façon dont les humains expriment leur joie et leur peine au cours de rituels.

« Je suis [maintenant] travailleuse sociale en cabinet privé, alors je vois bien des cas », dit Mme Lefebvre, membre de la Section d’Ottawa de l’Association nationale des retraités fédéraux. « J’ai aussi vu des gens vivre une expérience traumatisante et je me suis dit : “Ça alors, il doit y avoir une raison”. »

Elle a vite conclu que les rituels et les cérémonies donnent un sens à la vie des gens, y compris à la sienne.

« La question est de trouver un sens à ma vie », explique-t-elle. « Dans mon cas, [ce sens vient du fait que] je viens en aide aux gens. »

Mme Lefebvre n’est pas religieuse, mais elle s’est tournée vers les rituels (mariages et funérailles, entre autres) dans sa quête d’une vie plus spirituelle ou qui ait plus de sens. Cela l’a amenée à devenir célébrante.

« Les mariages et les funérailles que je célèbre donnent un grand sens à ma vie », raconte-t-elle, ajoutant que lorsqu’elle cherche à se ressourcer, elle fait du yoga, une passion de longue date.     
 

Lorsque l’appel de la recherche d’un sens à sa vie se fait sentir

Les aînés sont de plus en plus en quête de spiritualité, et le psychothérapeute Valois Robichaud pense savoir pourquoi.  

Selon M. Robichaud, professeur de gérontologie à la retraite qui a eu son propre cabinet de psychothérapie pendant 17 ans, au début de la retraite, il y a une brève période de « lune de miel » pendant laquelle les gens profitent de leur nouveau temps libre et se sentent « libérés » de leurs responsabilités financières. Ils passent ensuite à ce que le psychologue suisse Carl Jung décrit comme le « soi » en tant qu’objet d’exploration. Selon Jung, le soi est l’unification de la conscience et de l’inconscient d’une personne et représente la psyché tout entière. Lorsque les gens perdent l’identité qu’ils avaient tout au long de l’âge adulte, soit celle qui est principalement associée à la carrière et à la recherche de biens matériels, et qu’ils ont le temps d’y réfléchir, ils commencent à se poser les grandes questions.

« Les gens se mettent à se demander “Qui suis-je, quel est donc le sens de ma vie et de mon existence?” », poursuit M. Robichaud.

Valois Robichaud
Valois Robichaud


La retraite engendre inévitablement des changements identitaires, affirme Jane Kuepfer, spécialiste en spiritualité et en vieillissement et professeure au Collège Conrad Grebel de l’Université de Waterloo.

« Ces changements nous amènent à nous demander “Qui suis-je?” », explique-t-elle, précisant que notre identité est souvent liée au travail ou à nos relations avec les autres. « Il suffit de rechercher son identité et à comprendre qui on est, ainsi que d’avoir le temps de réfléchir plus sérieusement à ces questions à cette étape de la vie. »     
 

La question de la mortalité

Aumônier militaire pendant 24 ans, le chanoine Baxter Park croit que les gens sont des êtres spirituels et que lorsque « l’incertitude de la vie plane sur eux », ils commencent à privilégier cet aspect de leur vie.

« Ils souhaitent savoir s’il y a quelque chose qui dépasse leur existence », estime-t-il. « À mon avis, bien des gens se précipitent dans la vie en pensant qu’ils sont responsables d’eux-mêmes, mais lorsqu’on commence à ressentir ces limites [physiques], on peut se poser des questions plus sérieuses. »  

Le chanoine Park trouve qu’il vaut mieux de ne pas mettre de limites aux trajectoires spirituelles des gens. « Si leur cheminement passe par une institution ou une église, ou par l’islam ou le bouddhisme, toutes ces questions mènent à une réponse que le monde séculier n’a pas forcément. »

Le christianisme offre la vie éternelle, fait-il remarquer, tandis que d’autres options spirituelles offrent des réconforts non éternels. Il ajoute que la question de l’héritage pousse parfois les gens à chercher de nouvelles orientations spirituelles.

« Les gens se demanderont : “Cette voie que j’ai empruntée, c’est-à-dire prendre, m’enrichir et m’élever, toutes ces choses que je ne peux pas emporter, peu importe mes convictions, est-elle tout ce qui existe, ou ai-je la possibilité de réfléchir et de tirer une nouvelle conclusion sur le véritable sens de la vie?” »

Le chanoine Park, qui définit la spiritualité comme une « marche personnelle dans la foi », constate que les gens deviennent plus généreux lorsqu’ils réalisent que, dans la vie, il faut partager et donner, et non seulement s’enrichir.      

« Je pense que cette idée va dans le sens d’une démarche spirituelle, qui consiste à comprendre notre relation et notre humanité commune, ainsi que l’héritage que nous pouvons laisser derrière nous et ce que nous pouvons faire pour rendre ce monde meilleur, même après notre mort », explique le chanoine Park.  

À la retraite, les gens ont plus de temps pour pratiquer leurs activités préférées, mais avec l’âge, ils commencent à perdre certaines de leurs capacités, souligne le chanoine Park, mentionnant les adeptes de sport qui ne peuvent plus regarder un match à cause de leur vue, les lecteurs avides qui ne peuvent plus lire à cause de leur cataracte, et les amateurs de musique qui ne peuvent plus s’adonner pleinement à leur passe-temps à cause de leur audition.


« ...à comprendre notre relation et notre humanité commune, ainsi que l’héritage que nous pouvons laisser derrière nous et ce que nous pouvons faire pour rendre ce monde meilleur, même après notre mort  »

Le révérend chanoine Baxter Park

Même si le nombre d’adeptes de la religion organisée est en baisse, d’après un sondage publié en 2021 par Reginald Bibby, sociologue à l’Université de Lethbridge, et mené au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni, 55 % des 1 500 Canadiens interrogés ont déclaré s’attendre à « continuer d’exister sous une forme ou une autre » après leur mort, tandis qu’une personne sur trois a reconnu prier en privé.

M. Robichaud, qui détient un doctorat en éducation et est professeur de gérontologie à la retraite, mentionne que la question de la mortalité vient aussi, inévitablement, avec l’âge, et mène à une quête spirituelle. Il dit que ses clients ont peur d’être seuls et de l’inconnu. Bref, la retraite à laquelle est associée implicitement la question de la mortalité, même si elle n’est pas imminente, pose un défi spirituel.

Certains de ses clients retournent à leurs racines chrétiennes, et se remettent à prier, à assister à des services religieux organisés et y trouvent la paix. D’autres trouvent leur « soi » dans la méditation ou le yoga, ou les deux, et bien d’autres encore explorent d’autres possibilités religieuses qu’offrent par exemple le bouddhisme ou l’hindouisme. Un grand nombre de personnes trouvent leur moi intérieur dans la nature. Il recommande à ses clients de se promener dans la nature, de communier avec les arbres et les oiseaux et d’accepter que presque tout ce qui nous entoure soit vivant, et que nous en fassions partie.

« Après, ils me disent qu’ils vont mieux », dit M. Robichaud. « Ils disent “je pense que je peux mieux m’aimer”. Voilà ce qu’est la spiritualité pour moi. » 

Rev. Canon Baxter park

Le révérend chanoine Baxter Park se tient à l'extérieur lors d'un événement en plein air.

 

À PROPOS DE L’AUTEUR·E

Jennifer Campbell est la rédactrice en chef des magazines Sage et Sage60.